Après une longue nuit de festivité, un retour au petit jour et quelques petites heures de sommeil, nous partons pour Kingston située sur le fleuve Hudson à une centaine de kilomètres au nord de New York. Il fait beau, la marée est avec nous et nous remontons tranquillement vers notre destination finale. Le moteur ronronne, l’atmosphère est enjouée, les derniers bons petits plats du Gayar chauffent en cuisine et le champagne coule à flot. À cet instant, on voit mal ce qui pourrait nous empêcher de compléter cette grande aventure. Nous avons réussi ! Difficile de réaliser ce qui se passe…. Cette dernière traversée durera une quinzaine d’heures et vers trois heures du matin, nous approchons du petit port de Kingston dans la nuit noire pendant que Jim Morrison nous chante « This is the end »…
Kingston (NY) – Terminus
Publié dans Actualités, En mer, Escales
Arrivée à New York
Lundi 3 mai, en fin de journée, nous arrivons en vue de NYC. Mais la rade de New York est immense et à 11h du soir, il nous reste encore 3 bonnes heures de route avant de pouvoir mettre un pied à Manhattan. Nous décidons donc de nous écarter du chenal et de mouiller par 5 mètres de fond devant l’entrée du plus célèbre port du monde. L’excitation est alors à son comble, Daft Punk résonne dans les enceintes, le champagne est sorti et viendra accomgner un délicieux bœuf bourguignon conservé pour l’occasion. Nous déplions la table du carré et lançons la première d’une longue série de célébrations et de toasts au succès de notre aventure.
Notre idée initiale était de dormir quelques heures au mouillage, puis de nous lever tôt pour faire notre arrivée au petit matin. Mais après quelques verres et la skyline New Yorkaise illuminée sous nos yeux, l’excitation est trop forte ! Tout particulièrement pour Raph qui n’a encore jamais mis un pied aux États-Unis et pour Émilien pour qui c’est la première arrivée par la mer dans l’une de ces villes préférées. Tous deux décident donc de lever l’ancre et de parcourir les 15 derniers miles qui les séparent du moment sans doute le plus attendu de toute cette aventure. La mer est calme, le ciel est noir et les étoiles semblent être toutes tombées sur la côte pour mieux mettre en valeur les silhouettes grandioses des ponts et des grattes ciels new yorkais. Ben et Max dorment tranquillement dans la cabine, Miles Davis nous régale avec son célébrissime Kind of Blue et nos deux petits français se relais à la barre et font lentement leur entrée dans la ville qui ne dort jamais. Passage sous le Verrazano bridge, statue de la liberté, Ellis Island, Brooklyn bridge, Empire State, Chrysler building… Tous les symboles mythiques de la grosse pomme défilent les uns après les autres au son langoureux de la trompette de Miles. Peut-on rêver une plus belle arrivée après un si beau voyage ?
Nous resterons en tout et pour tout 7h à Battery Parc City. Le temps de réaliser que nous n’étions pas vraiment à notre place et d’éviter les centaines de dollars qu’il nous aurait fallu payer pour rester dans la cour des grands ne serait-ce que pour quelques heures… Ainsi à côté de nous, on pouvait admirer deux magnifiques voiliers de plusieurs millions de dollar dont le plus grand s’appretait, ni plus ni moins, à battre le record de la transat en monocoque (6 jours). À 9h du matin après avoir dormi quelques heures et flâné dans cette petite marina à quelques centaines de mètres à peine de ground zero, nous décidons de partir avant d’avoir trop de problème. Belle intuition, puisqu’au moment où nous larguons les amarres quelqu’un nous hèle en réclamant le paiement de notre court séjour. « Sorry! We didn’t know… and we have no money anyway! Next time! » Ouf on l’a échappé belle!
S’en suivront plusieurs heures, ponctuées de tentatives infructueuses, à errer entre Manhattan et Jersey city pour trouver une marina abordable. Après avoir hésité à partir directement vers le Nord sur le Hudson, nous optons finalement pour une nuit négociée à 100$ à Chelsea Piers. Étant maintenant 6 sur le bateau nous pouvions nous permettre ce petit luxe de passer une nuit en plein Chelsea…
Dernière nav’!!!
Fini les tropiques et la voile en maillot de bain ! Adieu vents dominants, pieds nus, bleu du ciel et eaux turquoises ! Bonjour brouillard, pluie, froid, vents instables, grains, plancher trempé, bottes et harnais de sécurité…
Soyons honnête, traverser l’Atlantique, c’est long, certes, mais il n’y a rien de difficile en soi. Tout au moins pour ce qui a trait à la navigation. Et très honnêtement, ces dix jours passés entre Turks and Caïcos et New York furent bien plus éprouvants que les trois semaines de transatlantique. Fort heureusement, nous avons bénéficié d’une météo relativement clémente durant les deux premiers jours suivant notre départ. Cela nous a permis de bien nous amariner et de pouvoir affronter les humeurs de l’océan sans trop d’inquiétudes stomacales.
À partir du troisième jour, le vent a commencé à tourner et à forcir de plus en plus. Les septs jours qui suivront furent entrecoupés d’averses, de coups de vent, de grains et d’orages. Rien d’insurmontable, mais des conditions qui, sur la longueur, pèsent lourd tant au niveau moral que physique. D’autant plus que, passé le cinquième jour, nous n’avions plus aucune prévision météorologique à laquelle nous fier… Nos bulletins se réduisaient alors à une lecture régulière du baromètre qui chutaient parfois de manière très inquiétante. Et il n’était pas le seul ! Durant l’ensemble de la traversée les températures (eau, extérieur et cabine) baissaient elles-aussi de quelques degrés chaque jour. Nous avons donc rapidement fait nos adieux aux chaudes lattitudes et ressorti, gants, bonnets, bottes, vestes et salopettes de quart…
Ce fut long, pénible et parfois même dangereux. Certaines vagues balayant le cockpit (et nous avec) nous ont même poussé à utiliser des harnais de sécurité qui dormaient depuis 6 mois au fond des équipets… Mais nous sommes finalement arrivés au bout de nos souffrances et le lundi 3 mai au soir nous pouvions apercevoir le Verrazano bridge tout illuminé et plus loin derrière, la silhouette mythique de Manhattan.
Publié dans En mer | Étiquettes : brouillard, Dernière nav', Max, NYC
Turks and Caïcos (UK)
Arrivée aux Turks and Caïcos à la tombée du jour, nous nous trouvons dans l’impossibilité de passer les récifs bordant la côte nord de Providenciales. Après deux tentatives dangereusement infructueuses nous décidons de passer la nuit devant la barrière par 5 mètres de fond et à quelques centaines de mètres à peine du rivage.
Le lendemain, il y a comme un air de déjà vu qui flotte. Avec leur habituelle force tranquille, de gros rouleaux nous soulèvent paisiblement pour ensuite aller se fracasser quelques secondes plus tard sur les récifs à fleur d’eau. Si nous avions mouillé quelques dizaines de mètres plus près de la barrière, nous aurions très probablement donné une suite à notre mésaventure cap-verdienne (cf. Tarrafal)… Mais aujourd’hui, la situation n’est pas aussi problématique qu’elle ne l’était alors. Du moins, dans l’immédiat, car nous sommes toujours bel et bien bloqués, et dans l’impossibilité d’accoster sur cette maudite petite île solidement gardée par son armée de coraux.
Après quelques hésitations, nous optons pour un chenal un peu plus au nord dont nous avions vu les feux s’illuminer la veille. Cette entrée n’est pas celle que nous cherchions et elle ne nous permettra probablement pas d’arriver à la marina visée mais nous pourrons tout au moins mettre le pied à terre quelque part, et trouver le sésame de cette hostile muraille.
Comme prévu, ce chenal ne nous permettra pas d’accéder à l’endroit voulu. Il est en fait un simple passage vers un petit bras d’eau dragué séparant l’île principale d’une succession de petits îlots au nord de l’archipel. Nous nous laissons guider dans ces méandres turquoises et finissons par atterrir sur une magnifique marina déserte devant un complexe hotelier qui semble lui aussi déserté. Seul un voilier rouge amarré sur l’un des premiers pontons nous permet d’espérer pouvoir trouver un refuge (au moins temporaire). À peine quelques minutes après avoir passé les amarres autour des taquets, un gardien fait son apparition. L’hotel, ainsi que sa marina ne sont pas en service et il nous faut donc partir au plus vite. En théorie tout au moins… Après une longue négociation au cours de laquelle nous rencontrons deux compatriotes du Katanka (le voilier rouge voisin), nous partons jeter l’ancre à quelques encablures de là.
Commencent alors les préparatifs habituels de la prochaine traversée. Eh oui, cette étape n’est vraiment rien d’autre qu’un arrêt au stand avant le grand démarrage pour New York ! Problème de gaz, eau potable, plein d’essence révision du gréement, fond de cale et autres menus travaux sont au programme des prochaines 36 heure. La routine quoi…
À notre grand malheur (notre budget étant jusque-là surprenamment bien tenu) cette étape sera un beau gouffre financier. En plus des achats normaux (rendus tout à fait hors de prix par le caractère insulaire de l’endroit et le tourisme de luxe l’accompagnant) nous devrons essuyer une amende de 200 dollars pour ne pas avoir signalé notre présence suffisamment tôt aux autorités douanières. Aie ! Ça fait mal… Mais il est vrai qu’après avoir passé 10 jours en Haïti (sur l’île à vache mais aussi sur l’île principale) sans un seul tampons ou backchichs, nous nous étions un peu relaché. Welcome to her majesty’s kingdom ! Enfin, un voyage qui ne se finit pas sur les rotules, que ce soit physiquement, mentalement ou financièrement, n’est pas vraiment digne de ce nom n’est-ce pas ?
Malgré tout, ces deux jours de ravitaillement resterons très agréables et ce, grâce à notre petit emplacement idyllique ainsi qu’à une dernière petite rencontre de fin de parcours avec nos amis du Katanka (Julien et Bruno). La veille de notre départ et pour ainsi dire le jour de notre arrivée, nous passons prendre Max Kufner à l’aéroport. Max (américain d’origine allemande) est un ami de Ben passionné de voile qui a sauté sur l’occasion quand il a appris qu’il y avait une possibilité d’embarquer sur le Gayar pour la dernière grande nav’. Nous voilà donc quatre à nouveau ! Et ce ne sera pas de trop !
Comme toujours nous arrivons finalement à être prêt dans les temps (notre ponctualité tout au long de ce voyage est une de nos grandes fiertés, car tout marin vous le dira, horaire et bateau ne font pas bon ménage…) Et comme toujours nous faisons un dernier apéro bien arrosé avec les copains de ponton la veille du départ… Une bonne nuit de sommeil et hop c’est parti pour 10 jours de mer ! Et pas des moindres !
Publié dans Escales | Étiquettes : Katanka, Max, Récifs, Turks and Caïcos
Île à vache-Turks and Caïcos
Après 10 jours passés dans ce petit paradis terrestre, l’heure est venue, une fois de plus, de larguer les amarres. C’est l’un de nos derniers « démarrages » (eh oui encore un terme qui vient du vocabulaire maritime…) et il y a une pointe de nostalgie dans nos esprits. La fin du voyage commence à se faire sentir et même s’il nous reste encore à affronter de longues journées en mer, c’est avec ce départ nous faisons un peu nos adieux aux destinations tropicales et aux rencontres exotiques.
Le jour de notre départ, Port Morgan est en pleine effervescence. La troisième édition d’une grande régate va avoir lieu. Cette course donne l’occasion aux pêcheurs de l’île de faire montre de leur dextérité dans le maniement de leurs petits bateaux à voile. L’événement tout récent est vite devenu le grand rendez-vous des tous les insulaires. À la suite de la régate qui dure environ deux heures, une grande fête prend place sur les rivages de la baie de Port Morgan.
Malheureusement, ne pouvant pas repousser notre départ d’une journée de plus, il nous faudra refuser les multiples invitations de Sauny et de nos nouveaux amis haïtiens à rester faire la fête avec eux. Le départ ne fut pas facile mais d’un autre côté, il est souvent plus agréable de partir alors que la fête bat son plein plutôt qu’en silence, fatigué et avec les yeux embrumés par une épaisse gueule de bois…
Outre l’importance d’arriver aux Turks and Caïcos avant Max (un ami venu nous aider à remonter le bateau jusqu’à New York), l’une des principales raisons de ce départ un peu précipité était de profiter d’une superbe fenêtre météo nous permettant de passer le bien nommé Windward passage («détroit au vent » en français). C’est dans cet étroit goulet que s’engouffrent tous les vents du nord qui viennent buter contre la barrière quasi continue que forment les grandes Antilles (Cuba-Hispaniola-Puerto Rico). Ces vents soufflent donc très régulièrement entre 30 et 40 nœuds à l’intérieur de ce petit bras de mer qui séparent Cuba d’Haïti. D’où l’importance de bien choisir son moment pour remonter vers les Bahamas. Soyons clair, ici, une bonne fenêtre signifie un calme plat, inutile d’espérer bénéficier de vents de secteur sud… Notre passage se fera donc sans problème, les prévisions prévoyaient une pétole quasi absolue mais nous avons tout de même pû bénéficier d’une légère brise de nord est qui nous permit de remonter au près et d’éviter de trop consommer notre précieux gasoil.
Trois jours plus tard nous atterrissons en fin d’après midi sur l’archipel des Turks and Caïcos et nous nous confrontons à un problème de taille ; passer la barrière de corail sans carte précise des fonds marins bordant les côtes de l’île !
Publié dans Actualités, En mer, Escales
L’école du village
Si nous étions si impatient de découvrir l’île à vache (Haïti), c’est en grande partie en raison de l’école que nous devions visiter là-bas. Les quelques photos que nous avions pu voir nous avaient vraiment mis l’eau à la bouche et les échanges effectués depuis plus d’un an avec les administrateurs de l’école nous donnaient de beaux espoirs quant au bon déroulement du projet avec les enfants ainsi que de notre séjour en général. Pour faire court, on peut dire que nous n’avons pas été déçus ! À peine une heure après que nous ayons jeté l’ancre, Jean Sauny Pierre (Sauny pour les intimes), approchait timidement du Gayar dans son bois fouillé (pirogue creusée dans un tronc de manguier), pour nous saluer et nous souhaiter la bienvenue. Depuis cet instant et jusqu’à ce que nous quittions l’île à vache, 10 jours plus tard, Sauny fut d’une gentillesse et d’un secour absolument indicible. Nous le remercions du fond du cœur ainsi que sa femme, ses amis Tony et René et tous ceux qui ont rendu notre séjour si agréable.
« L’école du village » est située sur la côte nord de l’île, dans la petite communauté de Canobert à une heure de marche de Port Morgan. Le premier jour, nous partons donc aux aurores pour une magnifique promenade tropicale à travers l’île. De grosses averses étant tombées la veille de notre arrivée, les sentiers étaient très glissants et tout juste praticables. Il arrive parfois, qu’il pleuve tellement sur l’île que les enfants (et les enseignants) ne viennent pas l’école à cause de la boue. Rappelons qu’en raison de l’absence de route sur l’île, les habitants se déplacent exclusivement à pied, à cheval ou en bateau. Le lendemain, nous opterons donc naturellement pour notre mode de transport favori…
Ainsi, pendant toute la durée du projet, nous nous rendions tous les matins à Canobert avec le beau dinghy que Sauny nous avait gentillement prêté. Le trajet prenait environ 20 minutes et ce changement de perspective nous donnait une nouvelle occasion d’admirer la beauté des paysages que nous avions pu apprécier en prenant les voies terrestres le premier jour. Une fois arrivé à l’école, nous mettions en place notre routine habituelle et commencions le travail. Malgré un niveau scolaire, disons-le, très faible, les enfants ont pu prendre part aux ateliers que nous leur proposions et compléter tous les portraits destinés à être envoyés aux quatres coins de l’Atlantique vers les autres écoles participantes au projet.
Haïti et l’île à vache
Et un petit point histoire, un !
Nous attendions cette escale avec impatience. Son histoire ancienne, récente ainsi que l’impasse dans laquelle il se trouve aujourd’hui, font d’Haïti l’un des pays les plus singuliers de l’arc antillais. Découverte en 1492 par Colomb lors de son premier voyage, l’île (qu’il nomma Hispaniola) fut occupée par les Espagnols jusqu’en 1625. C’est à cette date que, à l’aide de corsaires et autres pirates, les Français et les Anglais commencèrent à disputer la domination, jusque là exclusive, des Espagnol sur la perle des Antilles. L’île prit alors le nom de Saint Domingue. Un peu moins de deux siècles plus tard, en 1804, Haïti devint indépendant et reprit son nom indigène. C’était la première colonie au monde à se libérer du joug des nations impérialistes européennes. Dans les 20 années qui suivirent, quasiment tous les pays latinos-américains suivront ! Haïti c’est aussi la seule nation francophone des Amériques (bien que le créole soit la langue la plus usitée), un peuple entièrement constitué de descendants d’esclaves, une des plus belles îles des grandes Antilles, mais aussi le pays le plus pauvre des Amériques et une situation catastrophique suite aux récents séismes qui ont secoués la région. Un cocktail plutôt corsé donc !
Ceci dit, soyons honnête, bonne ou mauvaise chose, nous n’avons pas eu à faire face aux horreurs faisant suite aux tremblements de terre ni même à la pauvreté criante qui sévit dans ce pays. L’île à vache, où nous avons fait escale, n’a pas été touchée pas le séisme et bien que très pauvres, ses 20 000 habitants y vivent relativement bien en comparaison à leurs compatriotes habitant sur l’île principale.
L’île est une véritable corne d’abondance, mangues, pommes et noix de cajou, noix de coco, papaye et autres fruits tropicaux sont omniprésents, il suffit de se baisser pour les ramasser ! Autre caractéristique de ce petit havre de paix, il n’y a ni eau, ni électricité sur l’île. La nourriture se fait au charbon de bois, on s’éclaire à la lampe à pétrole, et l’eau, qui tombe en grosse quantité deux fois par an est stockée dans des citernes. Cependant, de manière assez surprenante, les habitants ne se préoccupent pas outre mesure du stockage de l’eau et quand celle-ci vient à s’épuiser, ils se contentent de l’eau saumâtre des puits.
Mais trêve de discours, voici quelques photos qui vous donneront un avant goût de la beauté toute simple de cet endroit si riche.
Publié dans Escales
Santo Domingo-L’île à vache
Un petit contre temps administratif nous empêche de partir le lundi soir comme nous l’avions prévue. Les départs de nuit étant toujours plus difficiles que de jour, nous apprenons la nouvelle avec philosophie et allons nous coucher. Mardi matin, nous larguons les amarres et en route pour l’île à vache !
Au départ, nous bénéficions de conditions idéales. À l’abri des montagnes dominicaines, la mer est calme, une petite brise portante nous pousse au sud-ouest et bien vite nous envoyons le spi. Le vent étant assez léger, la grand voile ne se gonfle pas bien et menace d’empanner régulièrement, nous décidons donc de l’affaler et de marcher uniquement sous spi. Comme nous l’avions déjà mentionné ce n’est pas une allure d’école mais jusqu’ici elle a très bien fonctionné (par petit temps).
Quelques heures plus tard le vent se lève. Nous marchons très vite, en théorie c’est l’heure d’affaler le spi, mais alors que nous avalons du milles, nous repoussons la manœuvre… Erreur fatale ! Surtout étant uniquement sous spi ! La GV n’est pas là pour stabiliser le bateau qui fait des embardées de plus en plus grandes et incontrôlables. Une rafale un peu plus forte que les autres nous surprend et nous nous payons la plus grosse auloffée du voyage, pour les néophytes, ça consiste en un gros dérapage à 180 degrés vers le lit du vent accompagné d’une gîte à plus de 60 degrés. Panique bord ! Il faut vite larguer le bras (l’une des deux écoutes du spi), laisser le spi partir en drapeau et le ramener ensuite avec l’autre écoute. Mais le bras bloque et le spi claque à tout rompre. Vite un couteau ! Au même instant, comme un coup du sort, notre hélice se prend dans un cordage de casier. Nous coupons finalement le bras mais c’est trop tard, le spi vient de s’éventrer sur un bon tiers de sa surface. Nous le ramenons et reprenons le contrôle du bateau. S’en suivent quelques heures silencieuses pendant lesquelles chacun rumine ses erreurs… Le reste de la traversée se fera au portant avec un vent oscillant autour des 20 nœuds et une mer bien hachée. Relativement inconfortable mais pour le moins rapide.
Nous arrivons à l’île à vache le deuxième jour en début d’après midi, vue de la mer, l’île à l’air absolument paradisiaque ! En entrant dans l’anse de Port Morgan quelques pirogues (ou « bois fouillé » en créole) viennent à notre rencontre et nous indique où mouiller. L’endroit à décidément l’air fantastique, cette escale promet !
Publié dans En mer
Vieques-Santo Domingo
Après quelques jours passés dans le luxe de la vie à terre, nous voilà repartis sur notre cher Gayar. Une nav’ de plus, et à quatre encore une fois ! Harlan, un ami de Ricky l’a remplacé au pied levé quand il a su qu’il pouvait se joindre à nous pour cette petite traversée.
Et une fois de plus, ce ne fut pas facile. Dans les grandes Antilles, il existe deux détroits constamment balayés par le vent. Le « Mona passage », situé entre l’île de Puerto Rico et la République Dominicaine et le bien nommé « Windward passage » entre Haïti et Cuba. Allant de Puerto Rico à Santo Domingo nous passions donc au Sud du premier. Le suivant, nous le gardions au chaud pour notre remontée vers l’archipel des Turks and Caïcos.
Après quelques heures au moteur, le vent daigne se lever et nous faisons route vers l’ouest le long de l’île de Puerto Rico. Au fur et à mesure que nous nous rapprochons de l’île de Mona qui donne sont nom au fameux détroit, le vent forcit et la mer se forme. S’en suivront deux jours assez inconfortables avec des allures oscillant entre le près et le travers et un vent soufflant entre 20 et 25 nœuds. L’estomac d’Harlan apprécia beaucoup la traversée…
Étant un peu trop rapide par rapport à l’horaire prévu, nous risquions une arrivée de nuit à Santo Domingo. Préférant toucher terre au petit matin, nous décidons de jeter l’ancre sur une des nombreuses plage de rêve qui bordent la République Dominicaine.
En fin d’après-midi, nous repartons pour couvrir les 60 derniers milles dans la nuit. La mer s’est calmée, le vent doit souffler entre 15 et 20 nœuds et notre cap nous donne un délicieux grand largue bien stable. Soleil couchant, température idéale, le GPS indique un bon 6 nœuds… Sans doute les meilleures conditions depuis notre départ de France !
Samedi, nous entrons dans l’estuaire de Santo Domingo. La première ville fondée par les Européens sur le continent américain ! C’est pas rien tout de même ! Après quelques difficultés à entrer dans la petite marina située sur le fleuve en face du vieux centre nous réglons les formalités, payons les frais d’entrée et autres backshichs et partons nous offrir la classique et au combien appréciée, bière d’arrivée !
Nous resterons exactement 48 heures à Santo Domingo. Assez pour apprécier la beauté architecturale du centre historique, faire le plein de fruits et légumes et pour nous offrir une bon concert de salsa en plein air.
Publié dans En mer
Vieques
Le 26 mars à midi, nous quittons l’île de Saint Thomas (USVI), direction Vieques. Le port d’Isabel Secunda est situé à moins de 30 milles de là et nous esperons donc y arriver avant la nuit.
Quand elle a su que nous faisions route vers Puerto Rico, Armelle (la maman du capitaine) n’a pas résisté à nous rendre une seconde petite visite. Grâce à elle, nous vous offrons une petite séquence d’affalement du spinnaker vue de la côte!
En dehors de l’île principale, Puerto Rico comporte plusieurs petites îles dont les plus importantes sont Culebra, Isla Mona et Vieques. Ricky ayant de nombreux amis sur cette charmante petite île, nous décidons d’y faire une halte de quelques jours. Gary et Kathy nous recevrons comme des princes dans leur jolie villa « Vivo Grande ». Lits propres, salles de bain, machines à laver, ventilateurs, air conditionné, bières fraîches et bonne bouf, après cette dure traversée et plus généralement après 5 mois de vie sur le bateau, nous sommes aux anges. Ces quelques jours au combien réparateurs nous permettrons de repartir gonflés à bloc pour la fin de notre aventure.
Après quelques jours de repos, nous organisons une petite sortie de quelques heures avec famille et amis. Un grand merci à Gary et Kathy qui ont vraiment été adorables et nous ont permis de recharger les batteries avant de repartir pour ces dernières semaines de mer.
Jeudi matin, les vacances sont terminées et c’est l’heure de mettre les voiles pour Haïti via Santo Domingo où nous espérons pouvoir faire nos dernières provisions en nourriture bon marché.
Photos Armelle de Crepy
Commentaires récents